La résilience de nos sociétés est mise à l’épreuve alors que la pandémie de coronavirus continue de se répandre, affectant des millions de personnes dans le monde entier. Alors qu’une grande partie de l’économie européenne se remet lentement de la crise, le secteur européen de la gestion d’actifs se prépare à rentrer dans une zone de turbulence.
Dans ce premier article d’une série consacrée à la finance durable, nous présentons les quatre leviers que les gestionnaires d’actifs peuvent utiliser pour instaurer la confiance et jouer un rôle clé dans la transition vers une croissance durable.
DES SIMILITUDES AVEC LA CRISE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Malgré les premiers signes annonciateurs d’une pandémie de COVID-19, les marchés financiers sont d’abord restés relativement calmes et prudents et ce jusqu’en mars 2020, avant d’être gagnés à leur tour par la panique. Selon les données de Morningstar, au mois de mars les investisseurs ont retiré 250 milliards d’euros des fonds européens, ce qui en fait la plus grosse sortie de fonds de l’histoire financière de l’Europe. Bien que le marché ait rebondi dans les mois qui ont suivi, les investisseurs restent prudents face à la menace grandissante d’une troisième vague et d’une récession mondiale.
L’analyse de la crise de la COVID-19 révèle trois caractéristiques clés de la pandémie : elle affecte de manière disproportionnée les classes sociales les plus pauvres, elle impacte le monde entier et une intervention gouvernementale et une coordination internationale importante sont nécessaires pour l’endiguer. Ces caractéristiques s’apparentent à celle d’une autre crise majeure, celle du changement climatique. Bien que les gouvernements et les entreprises aient déjà pris des mesures importantes pour gérer et limiter les effets directs de la COVID-19, il devient de plus en plus évident que des efforts encore plus importants seront nécessaires dans un futur proche pour limiter les risques de pandémies et catastrophes majeures similaires.
DES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE
Le Forum Economique Mondial estime à 2 500 milliards de dollars par an le déficit d’investissement qu’il faudrait combler pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030. Compte tenu de l’ampleur de ces investissements, il est impératif que les acteurs financiers privés se montrent solidaires des efforts publics en orientant les flux d’investissement vers des fonds plus durables, qui soutiennent des initiatives sur les sujets environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG). Comme l’a clairement indiqué la Commission européenne en décembre 2019 dans le « European Green Deal », « le secteur privé sera un acteur clé du financement de la transition verte ».
VERS UN NOUVEAU PARADIGME
Dans un contexte où les produits en gestion passive sont de plus en plus plébiscités par les investisseurs, avec une pression constante sur les marges et où les stratégies traditionnelles de gestion d’actifs stagnent, les gestionnaires d’actifs recherchent de nouvelles opportunités de développement. Ainsi, lorsque les investisseurs, particuliers ou institutionnels, ont commencé à s’intéresser à des produits financiers verts, le marché leur a emboîté le pas avec toute une série de produits financiers durables, dont la valeur s’élève à 30 000 milliards de dollars dans le monde, dont 14 000 milliards de dollars en Europe en 2018. Alors que les financements verts sont de plus en plus privilégiés, les investisseurs et les régulateurs se montrent leur tour de plus en plus attentifs aux pratiques de green-washing, qui consistent à surévaluer les engagements d’investissements dans le financement durable. Cela se traduit par une pression réglementaire qui s’accélère mais également au niveau européen par l’ambitieux « Plan d’action sur la finance durable » de la Commission européenne. Il est intéressant de noter que six investisseurs français sur dix déclarent à présent considérer les capacités ESG d’un gestionnaire d’actifs comme un critère important dans le processus de sélection, un chiffre cohérent d’une région à l’autre et qui augmente au fil des ans. Dans un contexte européen, où la moitié des actifs disponibles sont considérés comme durables, les gestionnaires d’actifs peuvent tirer parti de l’opportunité que représente la finance durable pour instaurer une relation de confiance avec les investisseurs et les régulateurs.
CONSTRUIRE UNE RELATION BASÉE SUR LA CONFIANCE
Les gestionnaires d’actifs qui considèrent les produits financiers durables comme piliers essentiels de leur croissance future doivent adopter une nouvelle approche dans l’ensemble de l’organisation. Toutefois, pour réussir à basculer vers un modèle d’entreprise durable et responsable, il est nécessaire d’instaurer la confiance en actionnant quatre leviers clés. Premièrement, les gestionnaires d’actifs doivent ancrer la durabilité au cœur de leur stratégie grâce à une stratégie d’entreprise responsable et durable, appliquée de façon cohérente à tous les niveaux de l’entreprise. Deuxièmement, les gestionnaires d’actifs doivent se montrer très attentifs aux évolutions réglementaires et se préparer à des contrôles et à des exigences de transparence renforcés sur les investissements durables. Troisièmement, un recalibrage du modèle opérationnel est souvent nécessaire afin de permettre de tenir toutes les promesses d’une croissance durable. Enfin, la technologie joue et continuera de jouer un rôle clé pour repousser les limites de la durabilité.
Le second article de cette série explorera plus en détail l’importance de chaque levier à activer et les défis à surmonter pour devenir un acteur majeur de la croissance durable.
Pour en savoir plus, contactez les équipes Capital Market d’Accenture:
@Julien Ciroux (Managing Director Accenture Consulting Capital Market)