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Le marché des terminaux de paiement mobile - appelés aussi mobile POS pour mobile Point Of Sale - est en pleine effervescence. Utilisés lors d’une transaction de paiement, ces appareils ont évolué au gré des dernières technologies et usages des clients, et proposent désormais de nouveaux services pour les commerçants.

Entre 2019 et 2024, les ventes au niveau mondial de ces terminaux devraient augmenter de 18% par an pour atteindre près de 55 milliards de dollars USD. Des Fintechs viennent concurrencer les banques traditionnelles notamment en proposant des terminaux de paiement mobiles à destination des micros, petites et moyennes entreprises. Comment y parviennent-elles ? Quels moyens ont les banques d’y faire face ?

Le développement de nouveaux moyens de paiement

Avec le développement de la digitalisation, l’augmentation des transactions commerciales internationales et l’abandon croissant de l’utilisation des espèces, on assiste depuis plusieurs années à une explosion du nombre de moyens de paiement : smartphone via NFC (Google Pay, Paylib…) ou via le scan d’un QR code (Alipay, Lydia…), carte sans contact de réseaux différents (Visa, JCB…), objet connecté (Apple Watch) …
Les terminaux s’adaptent pour accepter ces nombreuses formes de paiement. Ainsi, ils fournissent aux commerçants des solutions qui répondent à leurs besoins, et aux clients finaux une expérience de paiement plus fluide, notamment via le sans contact ou l’utilisation de la biométrie. A propos de cette dernière, on notera,  comme nous l’avons souligné dans notre récent « Point of View » sur la biométrie appliquée aux paiements, qu’elle est de plus en plus fréquemment proposée par les fournisseurs de services de paiement.
Par ailleurs, une nouvelle clientèle professionnelle se développe progressivement. De taille réduite (micro, petites et moyennes entreprises), souvent mobile (ex. : chauffeurs de taxi, service à la personne), elle est à la fois soucieuse de répondre aux exigences de ses clients en termes de moyens de paiement, et de disposer de terminaux à des prix accessibles.
Ces nouveaux usages et besoins conduisent les acteurs bancaires à innover pour moderniser leurs offres de terminaux.

Le marché des terminaux de paiement disrupté par les Fintechs

De nombreuses Fintechs ont investi le marché jusqu’alors réservé aux grands fournisseurs de terminaux de paiement tels qu’Ingenico ou Verifone proposés par les banques traditionnelles. On pourra par exemple citer MyPOS, SumUp, ou Smile & Pay.

          Une tarification avantageuse

Les banques qui fournissent à leurs commerçants des terminaux de paiement facturent ce service par des frais de location, par un pourcentage du montant de chaque transaction et des frais fixes par transaction. La tarification peut s’avérer élevée pour les petits commerçants qui ont des volumes de transaction restreints.
Pour cette clientèle, les Fintechs proposent une tarification plus avantageuse, avec :

  • Soit la possibilité de conserver le compte professionnel du commerçant et d’y recevoir par virement le montant des transactions effectuées – dans ce cas, la Fintech se positionne en intermédiaire à la banque ce qui réduit les revenus de cette dernière,
  • Soit la création d’un compte bancaire propre à la Fintech – dans ce cas, la Fintech court-circuite la banque, ce qui ampute ses revenus.

          Une offre qui allie terminaux de paiement mobiles et services pour le commerçant

Les Fintechs proposent des terminaux mobiles compatibles avec les derniers modes de paiement, intégrant aussi des services pour le commerçant. Ceux-ci vont de l’envoi du ticket client par SMS ou email lors d’une transaction de paiement, à la consultation via une application sur smartphone ou tablette de rapports sur les ventes, la comptabilité, ou la gestion de stocks à partir de données stockées dans le Cloud.
En outre, les données relatives aux transactions de paiement véhiculées par les terminaux permettent de mettre en place des programmes de fidélité avec des offres très personnalisées. Par exemple, la Fintech myPOS propose aux commerçants des cartes cadeaux qu’ils pourront remettre à leurs clients fidèles et à utiliser sur le terminal.
Des fintechs telles que myPOS et Adyen proposent également des solutions pour le commerce en ligne venant seules ou en complément d’un terminal physique, reliées à une même plateforme de gestion.
Ainsi, des services, habituellement réservés aux grandes entreprises, sont désormais accessibles à des petits-entrepreneurs.
Le schéma ci-dessous recense les principales fintechs proposant des terminaux de paiement mobile, présentés en fonction de leurs coûts et des services associés (hormis Smile & Pay et Sumup, toutes offrent également une solution de paiement en ligne).

Comment les banques traditionnelles peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ?

Face à la disruption des Fintechs, les acteurs traditionnels du secteur bancaire doivent s’adapter pour s’intégrer à ce nouveau marché.

          Partenariat avec des fintechs

Une première approche est de nouer des partenariats avec des Fintechs. Boursorama s’est par exemple associé à iZettle (racheté en mai 2018 par Paypal) pour proposer à sa clientèle professionnelle mobile un terminal de paiement. Cette alliance permet à la banque, qui a récemment ouvert son offre aux professionnels en 2017, d’attirer plus de clients.

          Mutualisation entre banques

 Crédit Mutuel CIC s’est de son côté associé avec la banque canadienne Desjardins pour créer Monetico, une solution de paiement en ligne pour les e-commerçants. Les deux banques mettent ainsi leurs expertises en commun et mutualisent leurs coûts sans être en concurrence directe puisqu’elles interviennent sur des zones géographiques différentes.

          Nouvelles offres suiveuses

Les banques traditionnelles peuvent créer de nouvelles offres pour s’aligner avec celles des Fintechs. Caisse d’Epargne a lancé en novembre 2018 CE Boost Pay, une solution d’encaissement se présentant sous la forme d’une tablette, qui accepte les paiements (contact ou non, paiement mobile…) et permet la gestion de l’activité du commerçant.

          Services « premium » capitalisant sur leurs avantages compétitifs

 Une autre approche pour les banques est de proposer des services « premium » à leurs commerçants, qui justifieraient leurs tarifs plus élevés, et qu’il serait difficile pour les Fintechs de fournir. Société Générale propose à ses commerçants ayant une activité en ligne de définir des règles sécuritaires personnalisées par ses experts en fraude. La banque bénéficie en effet des données de ses importants volumes de transactions monétiques pour définir des règles tangibles de détection de la fraude.
Les banques se démarquent aussi dans leur assistance au commerçant pour l’analyse et le dénouement de transactions frauduleuses. A l’inverse des Fintechs, elles ont un lien direct avec les réseaux interbancaires. Il leur est donc plus facile de résoudre les différends liés à la fraude et d’assurer ainsi un service client de meilleure qualité.

Un développement du marché accru par l’apparition d’offres « pro » dans les Néo banques

Les acteurs bancaires, désireux de conserver ou développer le segment de clientèle professionnelle mobile et/ou de taille réduite, doivent investir dans le déploiement de leur offre de terminaux de paiement mobile. Par ailleurs, l’arrivée de néo-banques proposant des comptes professionnels va accentuer le développement de ce marché. Les banques traditionnelles qui veulent affirmer une image de marque novatrice ont tout intérêt à s’y positionner, en partenariat ou non avec les Fintechs.

Outre une concurrence dans le domaine des paiements, le succès de ces fintechs apporte également la preuve des bénéfices de l’usage du Cloud pour les services relatifs aux terminaux de paiement. Ce virage vers le Cloud, et vers l’APIsation des services en général, est le nouvel enjeu à venir pour les banques et fournisseurs traditionnels de terminaux de paiement.